Les émotions, forces ou faiblesses ?

L'autre soir, mon épouse, notre fils Raphaël de dix ans et moi suivons une émission sur le défunt Toots Thielemans. Un très grand du jazz mais, avant tout, un  homme grand par sa simplicité, son humilité et son humour. Un homme diffuseur d'émotions et d'amour à l'image de son harmonica. 

L'émission se termine par  Toots  qui nous joue le superbe morceau "What a wonderfull world". Des larmes coulent sur ses joues.  ... Un grand et beau moment.  

Du coup, notre petit se met à pleurer aussi. « Il est parti trop vite … » et toute la famille de se serrer bien fort.
Mon épouse se demande alors ce que nous avons fait pour avoir des garçons si fragiles, si « faibles » …

Le lendemain nous nous retrouvons au petit déjeuner. 

J’ai réfléchi la nuit. Je me suis dit que je devais rassurer notre fils.
Oui, avoir des émotions peut être une faiblesse si elles nous bloquent et nous poussent à nous cacher ou à rester assis à pleurer sur notre sort et celui des autres sans rien faire.
Oui, ne pas avoir d’émotions peut être une force si on veut devenir chef d’entreprise, dictateur ou homme de pouvoir sans scrupules …
Mais avoir des émotions, être à l’écoute des émotions des autres, peut être une force, une très grande force.
Comment ? Tout d’abord En accueillant ces émotions parce qu’une faiblesse mise sur la table, à la vue de tous, n’en est plus une. Ensuite en utilisant ces émotions et en les transformant en actes concrets.
C’est ce qu’a fait Toots en mettant toutes ses émotions au service de sa musique (écouter sa version de « ne me quitte pas » je trouve qu’il y met plus d’émotions avec son harmonica que Brel avec ses mots); c’est ce que font la grande majorité des artistes qui transforment leurs émotions en peintures, chansons, écrits, carrières; c’est ce que mon épouse et moi faisons en aidant les « pauvres petits africains aveugles » à construire leur école; c’est ce que font les personnes qui font leur métier avec amour et passion; c’est ce que j’essaie de faire en écrivant ces mots. C’est ce que Raphaël a fait, cet été, en aidant des jeunes handicapés à apprendre à jouer au tennis ou en rassemblant des enfants orphelins Ougandais autour de Beethoven et d’un petit piano …

Je dis donc à mon fils : merci de tes émotions, elles sont belles, elles sont ta force et ta faiblesse, bienvenue. 

Non, tu ne seras pas le patron impitoyable d’une multinationale, non tu ne répondras pas à l’image prétendue idéale de l’homme de pouvoir dans son yacht avec sa Rolex. Ce n’est pas grave.
Par contre, je le sais, tu seras un homme bien. Un homme de cœur et d’amour. Pour cela, il te suffira d’utiliser tes émotions et d’en faire quelque chose de forcément beau. J’ai confiance en toi, tu vas le faire, je le sens, je le sais, ce sont mon cœur et mes tripes de papa qui le disent.

Jean-Luc Pening 

PS : Et vous, qu’avez-vous fait de vos dernières émotions ?

25 août 2016